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Mes histoires de chats - 2 : Ti-Puch : le copain d’enfance

28 Septembre 2018 , Rédigé par Aralf Publié dans #Mes histoires de chats

Mes histoires de chats - 2 : Ti-Puch : le copain d’enfance

Pour ceux qui voudraient d'abord lire le début, afin de connaitre les personnages! 

http://les-jardins-d-aralf.over-blog.fr/2017/08/mes-histoires-de-chats-diana.html

 

 

Diana a donné naissance à 2 petits chatons, un joli petit rouquin et un tigré. Mais voila qu’après une pause, surgit un troisième larron noir et blanc, au grand désespoir de ma mère qui espérait limiter les dégâts… La naissance a lieu dans un panier entre le lavabo, la machine à laver le linge et la cuvette des WC. Par la suite, combien de fois n’ai-je pas entendu, en parlant de ce troisième chaton, « on aurait mieux fait de tirer la chasse d’eau ! » ; ce sera bien évidemment une boutade à la cruauté calculée! Les chatons c’est toujours mignon, mais il faut reconnaitre qu’à coté de ses frères rouquin et tigré, le bébé noir et blanc fait office de vilain petit canard. ll est pataud alors que les deux autres sont fins et élancés; sa robe de pingouin lui fait une drôle de silhouette. Diana bien entendu n’à que faire de ses considérations esthétiques, mais en dehors d’elle toute la famille se moque de lui avec la cruelle ritournelle en guise de running gag : « on aurait mieux fait de tirer la chasse d’eau ! » C’est sans le moindre doute pour cela, que je me prend d’affection pour le petit laideron et proclame haut et fort qu’il s’agit de « mon » chat.

 

Les chatons grandissent et il faut bien leur trouver un nom. Le plus mignon est promis à un copain de classe de mon frère et restera donc pour nous le « petit rouquin » ; le tigré s’appellera Sylvestre. Sans avoir à cette époque percé tous les mystères de la génétique, j’ai bien compris quand même que si il n’y a qu’une seule mère, les bébés chats peuvent tous avoir des pères différents. C’est bizarre, mais après tout pourquoi pas! Si le père du rouquin demeure mystérieux, les autres en revanche sont bien identifiés. Le père de Sylvestre est sans nul doute Cléo, le chat tigré de la voisine, gros greffier bagarreur à la queue coupée; mais qui est et demeurera, un des rares étrangers à entretenir de bonnes relations de voisinage avec Diana la tigresse; ah les amours de jeunesse!  Impossible également de se tromper sur le géniteur de mon vilain petit canard; il s’agit d’un matou qui lui ressemble fortement, tant par le style que par le vêtement. Il a le dessus de la tête noire et ce noir se termine en pointe sur des épaules blanches; cela lui fait comme un casque ou plus précisément comme un « capuchon ». C’est en référence à ce dessin caractéristique que nous l’avons depuis longtemps affublé de ce sobriquet. Le troisième petit chat est donc le fils de « Capuchon » ; on commence par l’appeler « Petit Capuchon » ; « P’tit Capuch » et cela se finira par ce nom étrange aux consonances vaguement asiatiques « Ti-Puch » !

 

Ti-Puch, grandit mais reste un chat râblé et costaud qui pour son plus grand malheur s’avérera rapidement appartenir à la race des mâles dominants et bagareurs. Mon enfance est plutôt solitaire. Nous habitons en dehors du centre-ville, une maison familialle dans un quartier que nous qualifierions aujourd’hui de diffcile, je n’ai pas de copains dans le quartier, seulement ceux que je retrouve à l’école et un seul véritable ami, que je vois régulièrement chez lui ou chez moi. Alors le reste du temps il reste la famille, les livres que je dévore, lit et relit, et mes chats. Ti-Puch devient le copain et le confident. Je positionne deux chaises têtes bêches, je m’asssieds sur une en tendant les jambes pour les poser sur la seconde et Ti-Puch s’installe en rond entre mes jambes pour de longues séances de caresses et de rons-rons. Nous avons nos petites habitudes et nous retrouvons aussi sur le toit du garage où je grimpe au grand dam de mes parents, en escaladant les barreaux des fenêtres. Là nous sommes seuls et nous pouvons discuter en silence et refaire le monde; Ti-Puch ne me contredit jamais! Il aime aussi se coucher au frais, au pied du figuier. Alors pour son confort, j’ai creusé un trou, comme un berceau et je le remplis régulièrement d’herbes et de chiendent fraichement coupés.

 

Mais si pour ma part je navigue à cette pèriode entre fin de l’enfance et début de l’adolecsence, Ti-Puch est vite devenu adulte et l’amitié de son humain préféré ne lui suffit pas! Il se bagarre férocement pour affirmer sa suprématie sur son territoire et son oncle Cléo est son ennemi préféré : hurlements, intimidations, asaut et corps à corps sont fréquents. Nous tentons souvent d’interrompre ces violentes joutes à grands coups de jets d’eau, mais las, cela n’y fait pas grand chose. Ti-Puch récolte plaies et bosses en abondance et rentre souvent le cou sanguinolent et couvert de croutes. On évoque parfois l’idée de le faire castrer. Aujourd’hui ce serait évident, mais à l’époque on en parle vaguement et puis on passe à autre chose. Je vois bien les dégats et l’autodestruction mortifère de mon copain, mais je viens de lire « Une porte sur l’été » le roman de Science Fiction de Robert Heinlein, l’un de mes auteurs préférés et il y est question de Pete le chat qui l’hiver fait le tour de la maison en faisant ouvrir à son maitre, toutes les portes et fenêtres une à une pour chercher celle qui donne sur l’été. Face au même dilemme le héros du livre conclue quant à lui : « comment? Faire un ennuqe de ce noble guerrier? ». Alors oui, il y a sans doute un frein d’ordre romantique dans le fait de lui laisser l’usage de ses mâles attributs; pour son malheur…

 

Porté par ses aspirations hormonales, Ti-Puch et son frère Sylvestre fuguent. Les deux frères sont de caractère opposés: Ti-Puch est doux avec les humains et intolérant avec ses congénères alors que Sylvestre qui se bagarre beaucoup moins a hérité du caractère maternel, n’apprécie que modéremment nos élans d’affection et à parfois la griffe et la dent agiles! Pourtant  ils partent ensemble à la conquète des minettes du quartier. Les absences durent parfois plusieurs jours, jusqu’à une semaine, et ils reviennent toujours ensemble, sales, amaigris et affamés! Toujours dans le même ordre, Ti-Puch devant, Sylvestre quelques mètres derrière. Puis un jour, à la fin d’une de ces campagnes guerrières, je suis dans le jardin et vois arriver mon Ti-Puch en triste état, au coin de la maison. Je guette Sylvestre qui habituellement le suit. Il ne me faudra que quelques minutes pour acquérir la certitude qu’il ne reviendrait pas.

 

A la maison, Ti-Puch on l’aime et on le déteste. On l’aime parce que c’est le plus gentil et le plus affectueux des chats et on le déteste parce que c’est le pire des « pisseurs » que la terre ait créé! Bien sur il n’y peut rien, les hormones, toujours les hormones. Il veut marquer son territoire et il le fait avec application; dans le jardin passe encore, mais dans la maison l’urine de chat entier, c’est la pire des abominations! Alors on le fait de moins en moins rentrer pour éviter d’avoir à lui courir après une éponge à la main et malgré tout il profite de la moindre occasion pour se rappeler à notre bon souvenir, il fait du charme, il ruse, il s’infiltre… Un jour où je le poursuis dans le hall pour le faire sortir dans le jardin, j’assiste alors à un exploit assez peu banal. Ti-Puch est le seul chat  au monde qui parvient à uriner contre un meuble sans même s’arreter de courir! Je suis à la fois furieux, admiratif et presque fier. Il est trop fort mon chat!

 

Le jour ou Ti-Puch tombe malade, atteint d’une grande faiblesse et vomissant à foison, je suis à priori le seul à vraiment m’inquiéter, sans doute me dit-on, a t-il mangé quelque chose qui l’a indisposé. Mais non il ne va pas bien, je proteste, je tempête, mais le réflexe vétérinaire n’est sans doute pas aussi évident qu’il l’est aujourd’hui et rien n’y fait, jusqu’à ce que je trouve l’argument idoine. Nous sommes le 12 novembre, c’est la Saint Christian, nous ne pouvons tout de même pas laissr mourir mon chat, le jour de ma fête. Nous voici partis chez le vétérinaire. Le diagnostic est rapide et peu rassurant, c’est le Typhus, très ouvent mortel chez le chat non  vacciné. Le véto sort une seringue d’une taille qui reste dans ma mémoire; j’ignorais que l’on pouvait injecter autant de liquide dans un animal sans qu’il explose! Avec le recul je suppose qu’il s’agissait autant de le soigner que de le réhydrater. Le vétérinaire n’est pas certain de la guérison, mais l’animal est coriace et se remettra rapidement sur pattes; Saint Christian dont l’effigie sur un petit careau de plâtre, figure alors en bonne place accrochée au dessus de mon lit, a veillé sur lui!

 

Mais Ti-Puch continue de se battre contre tout ce qui cherche à miauler plus fort que lui et son état se dégrade, ses bajoues et son cou sont devenues des plaies permanentes qui forment d’épaisses scarifications et ne cessent de saigner et de s’infecter malgré tous nos efforts. La bagarre de trop, l’hémorragie de trop et malgré un nouveau recours au vétériniare et aux antibiotiques, Ti-Puch rejoindra cette nuit là le Whallala des chats, le royaume éternel des valeureux guerriers. Lorsque je rentre du lycée et que mes parents m’apprennent qu’ils l’ont déjà enterré dans le jardin, je suis furieux. J’aurais voulu le faire moi même et creuser sa tombe au pied du figuier, en agrandissant le trou empli d’herbe où il aimait se reposer…

 

Bien des années plus tard, c’est une adorable peluche représentant un petit chat noir et blanc en position assise que mes enfants, à qui j’avais du parler de celui que j’avais à leur âge, nommeront Ti-Puch. Une bien gentile attention et l’avantage des peluches, c’est qu’il n’est question ni de mauavaises odeur, ni de maladie, ni de bagarre…

 

Quelques années passent encore, ma fille rentre du collège et ramène à la maison un bébé chat perdu, qu’elle a trouvé au milieu de la route. Il y’a déjà (ou encore) beaucoup de matous à la maison, mais celui-ci est si mignon et puis … il est noir et blanc! Ce sera donc le nouveau Ti-Puch! Bébé c’est un vrai diable, mais il se révèlera avoir exactement le même caractère que son illustre prédéceseur : intolérant et dominateur avec ses colocataires félins, adorable et affectueux à l’excès avec nous.

 

Ti-Puch ne vivra pas hélas bien vieux. Comble de l’ironie et cruauté du destin, nous l’avons fait stérilisé et c’est un blocage urinaire souvent propre aux males castrés qui, malgré l’intervention d’un vétérinaire de garde un dimanche en pleine nuit, le terrassera à l’âge de seulement six ans, . Peut-être un signe cruel d’un destin toujours victorieux et désireux de me faire savoir que pour le premier, castration ou pas, cela n’aurait rien changé…

 

Je ne crois guère à l’Au-delà, mais il me plait de penser à travers l’affection de ces deux matous, que si la métempsycose existe un tant soit peu, les âmes des chats peuvent voyager et retrouver ceux qui un jour les aimèrent…

Mes histoires de chats - 2 : Ti-Puch : le copain d’enfance
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D
Un très beau récit que j'apprécie doublement car j'adore les chats noir et blanc : nous en avons eu un 19 ans appelé Sheba qui était adorable ( castré ) joyeux, affectueux et qui ressemblait beaucoup à Ti-Puch le second<br /> Merci pour ce beau récit
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C
voilà une belle déclaration d'amour. tous les amoureux des chats la vivront pleinement.
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N
Je comprends.<br /> Mes deux matous sont partis.<br /> Maintenant, le silence est assourdissant.<br /> Bizzz
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